La famille Portalis est la détentrice historique du Château Pradeaux.
Aussi loin que puisse remonter leurs origines, le domaine millénaire a toujours possédé un vignoble.
Pradeaux à travers les siècles
1752 - 1789
L’histoire du Château Pradeaux commence en 1752 lorsque Jean-Marie Etienne Portalis, co-rédacteur du Code civil et négociateur du Concordat sous Napoléon I, hérite de la propriété familiale.
Quelques années plus tard, en 1789, le Château Pradeaux est dévasté par la Révolution. Il est difficile de connaître l’ampleur des dégâts mais la chapelle a été détruite et la bâtisse vidée et pillée.
À cette époque, la propriété produisait essentiellement de l’huile d’olive. Quelques vignes entouraient les oliviers.
Les années 1880
Dans les années 1880, la crise du phylloxera ravage le vignoble français. La Provence n’est pas épargnée et une grosse partie des vignes du Château Pradeaux sont détruites. Le domaine est alors géré par un régisseur et des métayers. La famille Portalis habite Paris et y vient de temps en temps. La production est encore axée sur l’huile d’olive.
Post phylloxera, on décide de planter des cépages productifs à gros rendements tels que le carignan, l’alicante ou l’aramon.
1939 - 1984
Suzanne et sa fille Arlette Portalis fuient Paris en 1939 et viennent réhabiliter la propriété familiale.
La mère et la fille font la rencontre du Baron Le Roy, fondateur des Appellations d’Origine Contrôlée, et de personnalités locales, notamment Lucien Peyraud (Domaine Tempier) et André Roethlisberger (Château Milhière à Sanary). Épaulées par ces personnages, elle se lancent dans l’aventure du Bandol et de son cépage roi : le mourvèdre.
En 1941, c’est donc notamment grâce à Arlette que naît l’appellation Bandol. Surnommée « la fiancée du mourvèdre », elle déclare à La Revue du Vin de France « Nous avons été les premières à arracher dès 1942 nos mauvais cépages et à planter du mourvèdre et autres variétés conformes à l’appellation, et pratiquement seules pour mener à bien cette reconversion. »
L’année suivante, en 1942, le domaine est détruit par l’occupation. Les allemands qui s’y sont installés ont dévasté les parcelles et vidé la cave.
Le gel des oliviers en 1956 conduit Arlette à repenser le domaine et à créer des parcelles de vignes plus grandes. La consommation de vin des français est alors importante et Arlette souhaite miser sur cette opportunité. L’équivalent de 15 hectares d’oliviers sont arrachés pour laisser place à des vignes. Les oliviers qui bordent les parcelles sont gardés.
1985 à nos jours
Cyrille Portalis, neveu d’Arlette, hérite de la passion et du savoir-faire de celle qui fut sa mère adoptive. Il reprend totalement les rênes du Château Pradeaux en 1985. C’est grâce à lui que le domaine se professionnalise dans sa gestion et dans la commercialisation des vins. Il apporte également une véritable rigueur dans l’élaboration des vins en gardant le même fil conducteur que ses prédécesseurs : faire des grands vins de garde. Pour ce faire, il plante de grandes quantités de mourvèdre.
À son tour, Cyrille transmet le virus de la viticulture et du mourvèdre à ses fils Etienne et Edouard.
Habitant depuis toujours sur le domaine, la reprise de l’exploitation a toujours été une évidence pour Etienne qui obtient son diplôme d’ingénieur agronome en juillet 2010. Après un stage dans un domaine bourguignon, Etienne rentre à Saint-Cyr donner un coup de main à son père. Très rapidement, il prend les rênes de la gestion du vignoble.
La transmission de la partie cave et vinification prend plus de temps. Etienne devient finalement gérant du Château Pradeaux en 2012.
Edouard, est, pour sa part, en charge des vendanges et de la vinification des vins rouges ainsi que de la commercialisation des vins auprès des particuliers et de l’entretien du domaine en général.
Entre traditions et modernité
Les générations qui se succèdent au Château Pradeaux doivent prendre conscience de la charge historique de l’endroit, de l’histoire familiale et du devoir de mémoire. Etienne, suffisamment convaincu par l’histoire familiale se laisse également une marge de manœuvre afin de faire évoluer le domaine dans le bon sens. Le monde évolue, les vins aussi, mais toujours de manière réfléchie.
Depuis la création du domaine et jusqu’au début des années 2000, il existait uniquement un Bandol rouge et un rosé. Le reste de la production était en grande partie vendu à la tireuse aux clients particuliers.
A partir de 2010, la gamme a connu un net élargissement : Le Lys en 2010, le Côtes de Provence en 2012, Vesprée en 2016 et Bienfait des Pradeaux rosé en 2020.
La gamme, bien qu’intéressante, reste aujourd’hui très raisonnable et les quantités sont minimes afin de garantir la qualité des vins.
Une bâtisse historique au charme atypique
Édifiée au début du XVIIe siècle, la bâtisse du Château Pradeaux se distingue par son architecture unique pour la région. Elle présente deux façades inspirées des bastides provençales, entourant une cour centrale qui rappelle l’ambiance chaleureuse des haciendas espagnoles ou des riads marocains. Une conception architecturale surprenante, dont l’origine reste méconnue.
La partie principale de la maison de maître a évolué au fil du temps, avec des caves qui se sont agrandies, ainsi que des greniers et des écuries réaménagés. Tout a été soigneusement transformé pour préserver l’authenticité des logements tout en s’adaptant aux besoins de l’exploitation.
En 1989, lors de la reprise officielle, le grenier a été converti en bureau, tandis que l’ancien caveau de vente a pris sa forme actuelle.
Les foudres, imposants tonneaux de bois, ont été installés par le toit en 1989, marquant une étape clé dans l’histoire du domaine.
Les cuves en béton, quant à elles, sont en place depuis le milieu du XIXe siècle, témoignant du riche passé viticole de la propriété.